Dali d’initiés – Un concept à tiroirs ouverts dans l’ordre suivant
Entrée solennelle de Nicolas sur un texte lu en voix off rappelant la Conférence à la Sorbonne du 17 décembre 1955, dans laquelle Salvador Dali exposa ses idées sur les « Aspects phénoménologiques de la méthode paranoïaque-critique ».
1919 lecture en catalan du journal de Dali adolescent à la date du 3 décembre 1919
Lorca chanté
1929 Projection film « Une chatte andalouse »
1929 Gala, rencontre, RIRE, côtelettes,
1939 Breton rupture avec Dali épisode 1
Harpo harpe silencieuse, ensuite il court après une jeune fille, puis passage de Breton épisode 2
1939 New York vu par Lorca + flamenco, puis passage de Breton épisode 3
Trilogie : pied de porc, langouste et côtelette, scène dansée sur texte lu, puis passage de Breton épisode 4
Final : Remise à Nicolas descendu de son balcon, par toute la troupe, d’un diplôme « D » à consommer sur place, d’Expert Honoris Causa. Passage jeune fille + filet + Harpo et ultime passage de Breton épisode 5
NEW YORK VU PAR
LORCA / POÈME
Sous les multiplications
gît une goutte de sang de canard ;
sous les divisions
gît une goutte de sang de marin ;
sous les additions, un fleuve de sang tendre.
Un fleuve qui avance en chantant
par les chambres des faubourgs,
qui est argent, ciment ou brise
dans l’aube menteuse de New York.
Les montagnes existent. Je le sais.
Et les lunettes pour la science.
Je le sais. Mais je ne suis pas venu voir le ciel.
Je suis venu voir le sang trouble,
Le sang qui porte les machines aux cataractes
et l’esprit à la langue du cobra.
Tous les jours on tue à New York
quatre millions de canards,
cinq millions de porcs,
deux mille pigeons pour le plaisir des agonisants,
un million de vaches,
un million d’agneaux
et deux millions de coqs,
qui font voler les cieux en éclats.
Mieux vaut sangloter en aiguisant son couteau
ou assassiner les chiens
dans les hallucinantes chasses à courre
que résister dans le petit jour
aux interminables trains de lait,
aux interminables trains de sang,
et aux trains de roses aux mains liées
par les marchands de parfums.
Les canards et les pigeons,
les porcs et les agneaux
mettent leurs gouttes de sang
sous les multiplications,
et les terribles hurlements des vaches étripées
emplissent de douleur la vallée
où l’Hudson s’enivre d’huile.
Je dénonce tous ceux
qui ignorent l’autre moitié,
la moitié non rachetable
qui élève ses montagnes de ciment
où battent les coeurs
des humbles animaux qu’on oublie
et où nous tomberons tous
à la dernière fête des tarières.
Je vous crache au visage.
L’autre moitié m’écoute
dévorant, chantant, volant dans sa pureté,
comme les enfants des conciergeries
qui portent de fragiles baguettes
dans les trous où s’oxydent
les antennes des insectes.
Ce n’est pas l’enfer, c’est la rue.
Ce n’est pas la mort, c’est la boutique de fruits.
Il y a un monde de fleuves brisés et de distances insaisissables
dans la petite patte de ce chat
cassée par l’automobile,
et j’entends le chant du lombric
dans le cœur de maintes fillettes.
Oxyde, ferment, terre secouée.
Terre toi-même qui nage
dans les nombres de l’officine.
Que vais-je faire, mettre en ordre les paysages ?
Mettre en ordre les amours qui sont ensuite photographies,
Qui sont ensuite morceaux de bois et bouffées de sang?
Non, non, non, non ; je dénonce.
Je dénonce la conjuration
de ces officines désertes
qui n’annoncent pas à la radio les agonies,
qui effacent les programmes de la forêt,
et je m’offre à être mangé par les vaches étripées
quand leurs cris emplissent la vallée
où l’Hudson s’enivre d’huile.